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Page:Ovide - Œuvres complètes, trad Nisard, 1838.djvu/624

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jusqu'aux dieux.

Pouvait-il ignorer qu'Électre, fille d'Atlas, après avoir reçu Jupiter dans sa couche, donna le jour à Dardanus; Erichthonius fut le fils de celui-ci, et le père de Tros; Tros engendra Assaracus, et Assaracus, Capys, [4, 35] et Capys, Anchise, auquel Vénus ne dédaigna pas de s'unir, et de devoir le titre de mère. De cette union naquit Énée, qui, signalant sa piété, emporta sur ses épaules, à travers les flammes, les images sacrées et son vieux père, autre relique sacrée.

J'arrive au nom fortuné d'Iule, [4, 40] par lequel la famille Julia se rattache aux ancêtres troyens. Il eut pour fils Postumus, qui, né au fond des épaisses forêts, reçut des peuples du Latium le nom de Silvius. Postumus fut ton père, ô Latinus; puis vient Alba, puis Épytus, héritier des titres d'Alba. [4, 45] Épytus, faisant revivre les anciens noms de Troie, appela son fils Capys; il fut ton aïeul, ô Calpétus. Après lui, Tibérinus occupa le trône de son père et périt, dit-on, noyé dans les eaux du Tibre. Mais déjà il avait vu naître et son fils Agrippa et son petit-fils Rémulus, qui depuis fut frappé de la foudre. [4, 50] Après eux vint Aventinus, dont un coin de notre sol et une de nos montagnes ont consacré le nom. Procas régna ensuite, puis Numitor frère de l'impitoyable Amulius; Ilia et Lausus doivent le jour à Numitor. [4, 55] Lausus tombe sous le glaive de son oncle; Ilia plaît à Mars, et deux jumeaux, Rémus et Quirinus sont le fruit de ces amours. Toujours Quirinus a revendiqué Mars et Vénus pour auteurs de ses jours, et il mérite qu'on ajoute foi à sa parole; mais de peur que la postérité ne vînt à l'ignorer un jour, [4, 60] il consacra deux mois de suite aux deux divinités dont il était le fils.

Je croirais volontiers que le nom du mois de Vénus est pris de la langue grecque; Vénus a emprunté son nom d'Aphrodite aux écumes de la mer. Ne soyez pas surpris de cette étymologie grecque; il fut un temps où l'Italie ne fut que la Grande Grèce. [4, 65] Évandre y descendit avec une flotte chargée d'Arcadiens; Alcide y vint ensuite; l'un et l'autre étaient d'origine grecque. Le dieu armé d'une massue fit paître ses boeufs dans les pâturages de l'Aventin; les eaux de l'Albula désaltérèrent cet hôte descendu des cieux. Ulysse, qui règne sur le Néritos, aborda aussi en Italie; témoins les Lestrygons [4, 70] et le rivage qui porte encore le nom de Circé. Déjà s'étaient élevés les murs de Télégone et de l'humide Tibur, construits par des exilés d'Argos; Halésus, issu des Atrides, poursuivi par la destinée, s'arrêta dans le pays où sont aujourd'hui les Falisques, et qui veut lui devoir son nom. [4, 75] Ajoutez Anténor qui conseilla la paix aux Troyens, et Diomède fils d'Oenée, qui épousa ta fille, apulien Daunus. Plus tard, et après Anténor, Énée apporta sur nos