Page:Ovide - Œuvres complètes, trad Nisard, 1838.djvu/639

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de paille, puis il y met le feu; et le renard, s'échappant des mains qui le brûlent, sème dans sa fuite l'incendie à travers les moissons des campagnes; le vent accélère les ravages de la flamme. Le souvenir de cet accident passager s'est perpétué jusqu'à nos jours. À Carseoli, si l'on prend un renard, [4, 710] une loi défend de le laisser vivre; on en brûle un aux Céréales, pour punir la race; il périt par le feu, comme les moissons ont péri par le feu.

Le lendemain, lorsque, entourée de lueurs dorées, la mère de Memnon viendra sur son char couleur de rose visiter l'immense univers, le soleil quittera [4, 715] le chef du troupeau qui porte la laine, le Bélier qui trahit Hellé. Mais à peine est-il sorti de cette constellation qu'une plus grande victime s'offre à lui. Qu'elle soit vache ou taureau, c'est ce qu'il ne nous est pas donné de décider; on ne voit que la partie antérieure de l'animal; tout le reste du corps est caché. Mais que ce soit une vache ou un taureau, [4, 720] ce signe est en tout cas une récompense de l'amour, au grand déplaisir de Junon.

La nuit a disparu; l'aurore se lève; les Parilies font un appel au poète; le poète y répondra si la bienfaisante Palès vient à mon secours. O Palès, inspire celui qui veut chanter les fêtes pastorales, s'il a toujours montré. pour ton culte un zèle religieux. [4, 725] Je puis dire que j'ai souvent porté à pleines mains la cendre des veaux consumés et les tiges de fèves, chastes offrandes expiatoires. J'ai sauté par-dessus trois rosiers rangés près l'un de l'autre, et j'ai répandu l'eau lustrale avec une branche de laurier. La déesse se laisse toucher et veut bien me seconder. Sors du port, [4, 730] ô mon navire; déjà tes voiles s'enflent au souffle des vents.

Peuple, va chercher à l'autel virginal les offrandes expiatoires; Vesta te les donnera; tu seras purifié par ces présents de Vesta. Ces offrandes seront du sang de cheval, des cendres de veau, et en troisième lieu la tige dépouillée des fèves durcies. [4, 735] Berger, répands l'eau lustrale sur tes brebis repues, aux premières lueurs du crépuscule. Que l'eau arrose d'abord la terre, et qu'une branche d'arbre la balaie. Ornez les bergeries de rameaux et de feuillages; que les portes soient ombragées et décorées d'une longue guirlande. Que le soufre vierge jette une flamme azurée; [4, 740] que la fumée arrivant jusqu'à la brebis provoque ses bêlements. Brûle l'olivier mâle, la torche résineuse et les herbes sabines; que le laurier pétille, en se consumant au milieu du foyer; que la corbeille tressée avec le millet accompagne les gâteaux de millet; c'est là le mets favori de la déesse rustique. [4, 745] Ajoutez-y les aliments consacrés et le lait qu'on vient de traire. Divisez les aliments, offrez le lait tiède encore, et invoquez Palès, qui se plaît dans les forêts.

"Protège à la fois, dites-lui, le bétail et les maîtres du bétail; que mes étables n'éprouvent aucun désastre. Si mes troupeaux sont entrés dans un pâturage sacré, [4, 750] si je me suis assis sous un