Page:Ovide - Œuvres complètes, trad Nisard, 1838.djvu/658

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lui semble plus imposant. Jeune, il avait fait ce voeu, quand il prit les armes pour une guerre pieuse; [5, 570] le début même d'une si haute destinée devait avoir ce caractère de grandeur; les mains levées vers le ciel, et en présence des deux armées, l'une commandée par les conjurés, l'autre attachée à la bonne cause, il prononça ces mots: "S'il est vrai que la mort seule d'un père, d'un prêtre de Vesta m'amène sur le champ de bataille pour venger cette majesté deux fois sacrée, [5, 575] assiste-nous, ô dieu Mars! que nos épées s'abreuvent d'un sang criminel, et que le parti de la justice soit assuré de ton appui. Je te voue un temple, et, si je remporte la victoire, tu recevras le surnom de Vengeur." Il dit; les ennemis sont dispersés, et il revient en triomphe. Mais ce n'est pas assez que Mars ait mérité une fois son nom, [5, 580] César veut reconquérir les enseignes restées entre les mains des Parthes. C'est un peuple protégé par d'immenses plaines, par ses chevaux, ses flèches; les fleuves dont il est entouré lui servent de barrières et de remparts; son audace s'est accrue depuis les désastres de Crassus où il a vu périr soldats et général, où les enseignes sont tombées en son pouvoir; [5, 585] les enseignes romaines, l'orgueil de nos légions, étaient au pouvoir des Parthes; l'aigle romaine était portée par la main d'un ennemi. Cette honte durerait encore si l'empire d'Ausonie n'eût été protégé par les redoutables armes de César; il lava cette tache, il vengea ce vieil affront; [5, 590] les enseignes reconquises reconnurent leurs soldats. O Parthe! à quoi t-ont servi ces flèches que tu sais lancer en fuyant, et ces déserts et ces coursiers rapides? Tu rapportes nos aigles, tu rends aussi tes arcs impuissants; tu n'as plus aucun gage de nos tristes revers! [5, 595] Au dieu, deux fois vengeur un temple est solennellement consacré sous ce nom même; de justes honneurs acquittent la dette de César. Célébrez en grande pompe, ô Romains, les jeux du cirque; ceux de la scène n'ont pas paru convenables pour fêter le dieu des combats.

Vous apercevrez toutes les Pléiades, vous compterez toutes ces soeurs, [5, 600] quand il ne restera plus qu'une nuit avant les ides; alors commence l'été, si j'en crois des autorités certaines; alors finit la tiède saison du printemps.

La nuit qui précède les ides nous montre la tête étoilée du Taureau. On sait les traditions que cette constellation rappelle. [5, 605] Jupiter autrefois se changea en taureau pour enlever sur sa croupe une jeune fille de Tyr; son front déguisé s'arma de cornes menaçantes. D'une main la jeune fille a saisi le cou de l'animal, de l'autre elle retient ses vêtements; sa crainte même la rend plus belle; le vent soulève les plis de sa robe; le vent se joue dans sa blonde chevelure; [5, 610] c'était ainsi, fille de Sidon, que tu devais appartenir à Jupiter. Souvent elle s'efforce de ne point toucher la mer de ses pieds délicats; elle a peur qu'une vague ne vienne l'atteindre. Souvent le dieu enfonce à dessein sa croupe