Aller au contenu

Page:Ovide - Œuvres complètes, trad Nisard, 1838.djvu/827

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

adoucissement à mes peines ? La Fortune m’avait-elle donc livré ses secrets ? Je n’ai fait qu’aggraver mes tourments, et l’image de ces lieux, qui se représente sans cesse à mon esprit, renouvelle mes douleurs et me reporte aux premiers jours de mon exil. Je préfère cependant que mes amis cessent de s’occuper de moi, que de fatiguer leur zèle à des sollicitations inutiles. Elle est difficile à aborder sans doute, ô mes amis, l’affaire dont vous n’osez vous charger, et cependant, si quelqu’un osait parler, il trouverait des oreilles disposées à l’entendre. Pourvu que la colère de César ne vous ait point répondu par un refus, je mourrai avec courage sur les rives de l’Euxin.


LETTRE VIII

À MAXIME

Je cherchais ce que, du territoire de Tomes, je pourrais t’envoyer comme un gage de mon tendre souvenir. De l’argent serait digne de toi, de l’or plus digne encore, mais ton plaisir est de faire, non de recevoir de tels dons. D’ailleurs on ne trouve ici aucun métal précieux. À peine l’ennemi permet-il au laboureur de remuer le sein de la terre. La pourpre éclatante a plus d’une fois brillé sur tes vêtements, mais les mains sarmates n’apprirent jamais à la teindre. La toison de leurs troupeaux est grossière, et les filles de Tomes n’ont jamais appris l’art de Pallas. Ici les femmes, au lieu de filer, broient sous la meule les présents de Cérès, et portent sur leur tête le vase où elles ont puisé l’eau. Ici point d’orme que la vigne couvre de ses pampres comme d’un manteau de verdure. Ici point d’arbre dont les branches plient sous le poids de ses fruits. Des plaines affreuses ne produisent que la triste absinthe. La terre annonce par ses fruits son amertume. Ainsi, sur toute la rive gauche du Pont-Euxin, ton ami, malgré son zèle à découvrir quelque chose, n’a pu rien trouver qui fût digne de toi. Je t’envoie cependant des flèches scythes et le carquois qui les renferme. Puissent-elles être teintes du sang de tes ennemis ! Voilà les plumes de cette contrée ; voilà ses livres ; voilà, Maxime, la muse qui règne en ces lieux. Je rougis presque de t’envoyer un présent d’aussi modeste apparence, reçois-le cependant avec bienveillance.


LETTRE IX

À BRUTUS

Tu me mandes, Brutus, que, suivant je ne sais quel critique, mes vers expriment toujours la même pensée, que mon unique demande est d’obtenir un exil moins éloigné, mon unique