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comment nous ferons la révolution

se trouvaient tempérées et émoussées en partie par l’extension du bien-être.

Les mœurs se modifiaient rapidement. Leur évolution déjà ébauchée avant la révolution, ne faisait que s’accentuer.

En régime capitaliste, la lutte qu’avaient menée les organisations syndicales contre l’alcoolisme avait été active, — et efficace. Pour n’en citer qu’un exemple, il suffira de rappeler qu’avant 1906, la corporation des terrassiers, jusque-là fort peu organisée, comptait un pourcentage considérable d’alcooliques. Or, peu d’années plus tard, lorsque le syndicat des terrassiers parisiens eût groupé la majeure partie des membres de la corporation, l’alcoolisme avait considérablement baissé, tandis que, par l’effort syndical, les salaires s’étaient élevés de 25 pour cent. Les terrassiers buvaient moins, — parce qu’ils avaient conquis du bien-être et parce que, parallèlement, ils s’étaient élevés en conscience et respect d’eux-mêmes.

Cette action tempérante n’avait pas été particulière aux terrassiers. Elle s’était constatée dans d’autres corporations. Aussi, grâce à la propagande syndicale, les établissements de boisson avaient vu leur clientèle décroître.

Avec la révolution les marchands de vin, — dont les boutiques avaient été surnommées « salons du pauvre », — étaient appelés à disparaître. Et cela, d’autant plus vite qu’ils avaient cessé de répondre à un besoin.

Tant que les ouvriers avaient dû s’astreindre à un travail intensif et excessif, ils avaient demandé à l’alcool le coup de fouet contre le surmenage ; d’au-