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LIVRE V


I

Le matin, quand tu as de la peine à te lever[1], voici la réflexion que tu dois avoir présente à l’esprit : « Je me lève pour faire mon œuvre d’homme ; je vais remplir les devoirs pour lesquels je suis né et j’ai été envoyé en ce monde. Pourquoi donc faire tant de difficultés ? Ai-je été créé pour rester ainsi chaudement sous des couvertures ? — Mais cela me fait plus de plaisir ! » — Es-tu donc né pour le plaisir uniquement ? N’est-ce pas au contraire pour toujours travailler et toujours agir ? Ne vois-tu pas que les plantes, les oiseaux, les fourmis, les araignées, les abeilles concourent, chacune dans leur ordre, à l’ordre universel ?

  1. Quand tu as de la peine à te lever. Il est assez probable que ceci fait allusion à quelque habitude personnelle. D’ailleurs le conseil s’adresse à tout le monde ; et chacun de nous peut en profiter par les raisons très-solides que l’empereur se donne ici à lui-même. Voir plus loin, liv. VIII, § 12, la répétition des