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Page:Pensées de Marc-Aurèle, trad. Barthélemy-Saint-Hilaire.djvu/191

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LIVRE VI, § XII.

plus certain de retrouver l’équilibre et l’harmonie[1], en t’efforçant sans cesse d’y revenir.

XII

Entre ta belle-mère et ta mère[2], si tu les possèdes toutes deux à la fois, tu n’hésites pas ; tu as des soins pour la première ; mais c’est cependant à ta mère que ton cœur revient sans cesse. Eh bien ! c’est là ce que sont pour toi la cour et la philosophie[3]. Reviens souvent à la dernière ; et cherches-y ton repos ; car c’est elle qui te rend supportable ce que tu vois à la cour, et c’est elle aussi qui est cause que tu t’y fais supporter toi-même[4].

  1. L’équilibre et l’harmonie. Il n’y a que ce dernier et unique mot dans le texte.
  2. Entre ta belle-mère et ta mère. Il peut sembler, au premier coup d’œil, qu’il y a là quelque recherche ; mais cette comparaison prend beaucoup de réalité et de grandeur par l’application qu’en fait Marc-Aurèle.
  3. La cour et la philosophie. Par la Cour, il faut entendre ici le maniement des affaires et l’administration ; et, pour un empereur romain, c’était le gouvernement du monde. C’est uniquement sous ce rapport que Marc-Aurèle met la cour à côté de la philosophie, dont autrement elle serait manifestement trop loin.
  4. Qui te rend supportable ce que tu vois… tu t’y fais supporter toi-même. Ce dernier trait est touchant ; et il y a bien peu de cœurs qui, dans une situation si haute, se diraient à eux-mêmes de telles vérités.