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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

mesure de mes forces, en m’adjoignant un auxiliaire, qui, sous ma direction, peut en se réunissant à moi, satisfaire en temps opportun à ce qu’exige l’utilité commune ; car ce que je fais, à moi seul ou avec le secours d’un autre, ne doit jamais avoir qu’un seul but, l’intérêt commun et la bonne harmonie du monde[1].

VI

Combien d’hommes jadis célèbres[2] dans la terre entière sont déjà livrés à l’oubli ! Combien de gens qui les ont célébrés sont depuis longtemps disparus !

VII

Ne rougis pas de recevoir l’aide d’autrui[3] ; car

    ou la Providence.

  1. L’utilité commune… la bonne harmonie du monde. J’ai cru devoir donner un sens aussi large à l’expression dont se sert Marc-Aurèle. On pourrait comprendre aussi qu’il ne s’agit que de l’intérêt de la société ; mais, dans les doctrines stoïciennes, l’idée de société s’étend jusqu’à l’ordre universel, dont l’homme fait partie. Le lui rappeler, ce n’est ni le flatter ni le grandir outre mesure ; c’est lui assigner sa vraie place. Voir plus haut, liv. VI, § 42.
  2. Combien d’hommes jadis célèbres… Juste appréciation de la gloire humaine. Ici, le stoïcien efface absolument l’empereur dans Marc-Aurèle.
  3. L’aide d’autrui. Voir un peu plus haut, § 5. Un empe-