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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

XXXII

Sur la mort. Si c’est une dispersion des éléments de notre être[1], c’est, ou résolution en atomes, ou anéantissement, ou extinction, ou transformation.

XXXIII

Sur la douleur. Si elle est intolérable, elle nous fait sortir de la vie ; si elle dure, c’est qu’on peut la supporter. Notre pensée, concentrée en elle-même, conserve néanmoins toute sa tranquillité[2] ; et le principe souverain qui nous gouverne n’en est pas altéré ; c’est seulement aux parties de notre être affectées par la douleur[3] de nous dire, si elles le peuvent, ce qu’elles éprouvent.

  1. Si c’est une dispersion des éléments de notre être. Cette restriction de la pensée lui ôte en grande partie le caractère matérialiste qu’elle pourrait avoir. Il est vrai que Marc-Aurèle ne se prononce pas tout à fait pour une solution spiritualiste ; mais il ne l’écarte pas, puisqu’il suppose que la mort peut être encore autre chose que la dispersion de tous les éléments de notre être entier. Voir plus haut, liv. V, § 13.
  2. Conserve toute sa tranquillité. C’est un degré d’ascétisme difficile à atteindre ; mais il n’est pas impossible d’y arriver, si l’âme a la force et la persévérance nécessaires.
  3. Aux parties de notre être affectées par la douleur. Voir une pensée tout à fait analogue, plus haut, § 16