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LIVRE VIII, § VII.

VI

La nature universelle n’a pour fonctions que de déplacer les choses perpétuellement ; elles sont ici, elle les met là ; elle les transforme ; elle les enlève du lieu où elles sont pour les porter dans un autre ; toutes transformations, où il n’est pas à craindre qu’il se produise jamais rien de nouveau[1], où tout est régulier, et où les répartitions[2] sont éternellement équitables.

VII

Toute nature est pleinement satisfaite de suivre son droit chemin[3]. Or la nature raisonnable suit tout droit le sien, lorsque, dans les apparences que lui fournissent les sens, elle ne s’arrête ni au faux, ni à l’obscur ; lorsqu’elle dirige unique-

  1. Il se produise jamais rien de nouveau. Plus haut, liv. VII, § 1, la même pensée s’est déjà présentée. On peut y voir la note dans laquelle cette pensée a été combattue, ou plutôt, restreinte dans ses vraies limites.
  2. Les répartitions. Le mot grec est aussi vague ; mais la pensée est parfaitement claire : L’homme n’a point à se plaindre de la part que Dieu lui a faite, parce que sa bonté n’est pas plus douteuse que sa puissance. La réflexion qui suit est une sorte de développement de celle-ci.
  3. Suivre son droit chemin. C’est la figure dont se sert le texte et qui est comprise dans l’étymologie du mot qu’il emploie.