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Page:Pensées de Marc-Aurèle, trad. Barthélemy-Saint-Hilaire.djvu/326

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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

tions ; tu prétends plaire à un homme qui se déplaît à lui-même souverainement ; car peut-on se plaire à soi-même quand on se repent, ou peu s’en faut, de tout ce qu’on fait ?

LIV

Ne pas se borner à respirer l’air qui nous environne, mais s’associer en outre par la raison[1] au principe intelligent qui enveloppe toutes choses ; car la force intelligente est répandue dans l’univers entier, et elle ne se communique pas moins à celui qui veut la conquérir que la force de l’air ne se communique à celui qui est fait pour le respirer.

  1. S’associer en outre par la raison. Un peu plus haut, liv. III, § 4, Marc-Aurèle a appelé l’homme le collaborateur de Dieu. Cette comparaison de l’air que nous respirons et de l’intelligence répandue dans l’univers entier, et que notre raison peut respirer en quelque sorte, a sa grandeur et sa vérité. Sénèque a dit : « Il faut tout souffrir avec courage, parce que tout arrive, non par aventure, mais par ordre. Il y a longtemps qu’a été réglé ce qui doit faire ta joie, ce qui doit faire ta peine, et, quelle que soit la variété d’événements qui semble distinguer la vie de chacun, le tout se résume en une seule chose : périssables, nous avons reçu des biens périssables. Pourquoi tant nous indigner ? Pourquoi nous plaindre ? C’est la loi de notre existence. » De la Providence, ch. V.