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Page:Pensées de Marc-Aurèle, trad. Barthélemy-Saint-Hilaire.djvu/350

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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

XXI

Qu’une action cesse ; qu’un désir, qu’une idée s’arrêtent et s’apaisent ; que tout cela meure, peut-on dire, il n’y a pas là le moindre mal[1]. À un autre point de vue, considère les âges divers de la vie, enfance, adolescence, jeunesse, vieillesse ; tous ces changements sont des morts successives de chacun de ces états. Est-ce donc si terrible ? Maintenant considère encore le temps de la vie que tu as passé sous la conduite de ton grand-père, de ta mère, de ton père[2] ; et te rappelant encore bien d’autres vicissitudes que celles-là, bien d’autres changements, bien d’autres cessations de choses, demande-toi de nouveau :
[3]

    sées analogues, mais plus développées et plus claires, liv. V, § 25, et liv. IV, § 3.

  1. Il n’y a pas là le moindre mal. La réflexion est très-juste, et cet argument est très-bon contre la crainte de la mort. Ce n’est qu’un changement, auquel tant d’autres changements nous ont préparés. Mais, en général, on redoute la mort elle-même moins que les douleurs dont elle est ordinairement précédée.
  2. De ton grand-père, de ta mère, de ton père. Voir les trois premiers paragraphes du liv. I, et les notes qui s’y rapportent
  3. Le terme de la vie tout entière. En d’autres termes, la mort. ? Sénèque, citant Démétrius, a dit : « Voulez-vous ma vie ? Pourquoi non ? Je ne ferai pas difficulté de vous laisser reprendre ce que vous m’avez donné. C’est de mon plein gré que vous remporterez tout ce que vous me demanderez. Oui sans doute, j’aurais mieux aimé offrir qu’abandonner. Qu’est-