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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

XXXVI

Dans la matière dont tout être est composé[1], il y a une partie qui se corrompt et se perd, liquide, cendre, os, humeur ; dans un autre genre, les marbres sont les coagulations de la terre ; l’or et l’argent y sont des dépôts, des sédiments ; les poils des bêtes sont notre vêtement ; le sang est de la pourpre, et ainsi de tout le reste. Le souffle même qui nous anime[2] est quelque chose d’analogue, puisque, venu de certains éléments, c’est en ces éléments qu’il se change lui-même.

XXXVII

Assez de cette vie de misère, assez de murmures, assez de grimaces dignes d’un singe[3] ! Pour-

    un courage invincible, et la science de l’avenir. À peine sont-ils assez maîtres d’eux-mêmes pour ne pas pousser la témérité jusqu’à maudire la nature de ce que nous sommes au-dessous des Dieux, et non pas à leur niveau. » Des Bienfaits, liv. II, ch. XXIX.

  1. Dans la matière dont tout être est composé. La pensée de ce paragraphe n’a pas toute la clarté désirable. En somme, il se borne à cette assertion souvent répétée, que rien ne se perd dans le monde et que tout y est dans une perpétuelle transmutation.
  2. Le souffle même qui nous anime. Le souffle vital, sans parler du principe spirituel et raisonnable, dont les destinées sont tout autres.
  3. Assez de grimaces dignes d’un singe ! C’est la force du