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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

bien que tous les êtres particuliers valent, comparés à la substance, un grain de millet, et, comparés au temps éternel, un tour de vrille.

XVIII

En examinant un objet quelconque, figure-le-toi comme s’il était déjà dissous, et soumis au changement[1] qui doit le transformer, comme s’il était déjà exposé à la corruption qui l’attend, et à la dispersion de toutes ses parties, c’est-à-dire en cet état où, selon les lois de la nature, tout être doit mourir, à ce qu’il semble.

XIX

Qu’est-ce donc que sont les hommes, qui mangent, qui dorment, qui s’accouplent, qui rendent leurs excréments, et qui sont soumis à tant d’autres besoins ! Et cependant, quel orgueil[2] n’ont-

    termes, de l’infinité du temps et de l’infinité de la matière. J’ai préféré la première version à la seconde, qui aurait eu une nuance trop moderne.

  1. Soumis au changement. Voir plus haut, § 11 et passim. L’idée de la mobilité des choses ne saurait être trop souvent présente à la raison de l’homme ; elle le remet à sa juste place, et lui fait mieux apprécier le monde où il est.
  2. Quel orgueil n’ont-ils pas d’être hommes ! Le sens n’est