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Page:Pensées de Marc-Aurèle, trad. Barthélemy-Saint-Hilaire.djvu/41

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LIVRE I, § XVI.

approfondie des lois, des mœurs, et des matières de cet ordre ; la condescendance qui s’associait à leurs efforts pour les faire valoir, chacun dans leur domaine spécial ; la fidélité en toutes choses aux traditions des ancêtres, sans d’ailleurs vouloir se donner l’air d’y tenir essentiellement ; un esprit qui n’était ni mobile, ni agité, mais sachant endurer la monotonie des lieux et des choses ; reprenant les occupations habituelles, dès que le permettaient des maux de tête cruels, avec plus d’ardeur et de vivacité que jamais ; n’ayant pas beaucoup de secrets qui lui appartinssent, et ces secrets en très-petit nombre et fort rares ne concernant guère que l’État ; circonspect et très-regardant dans la célébration des fêtes solennelles, dans le développement des travaux publics, dans les distributions au peuple ; et quand il les croyait nécessaires, ayant en vue ce que la convenance exigeait bien plutôt que le renom qu’il en pourrait retirer pour ce qu’il aurait fait ; ne prenant jamais de bains hors des heures régulières ; sans passion pour les bâtisses ; ne songeant nullement à la composition de ses repas, ni à la qualité ou à la couleur de ses habits, ni à la beauté de ses gens. Ses vêtements étaient faits de la laine de Lorium[1], sa petite ferme, et le

  1. Lorium. Petite ville d’Étrurie, où mourut Antonin le Pieux, à cinq ou six lieues de Rome, sur la voie Aurélienne.