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Page:Pensées de Marc-Aurèle, trad. Barthélemy-Saint-Hilaire.djvu/410

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PENSÉES DE MARC-AURÈLE.

en est atteint ; mais ici, au contraire, il faut bien se dire que l’homme n’en devient que meilleur[1] et d’autant plus louable, quand il fait bon usage des épreuves qu’il subit. Souviens-toi donc toujours que le véritable et naturel citoyen ne souffre jamais de ce qui ne fait pas souffrir la cité, et que la cité même n’éprouve aucun dommage quand la loi n’en éprouve point. Or, dans ces prétendus revers[2], il n’y a rien qui blesse la loi ; et, dès lors, ce qui ne blesse point la loi ne blesse point non plus, ni la cité, ni le citoyen[3].

XXXIV

Une fois qu’on a mordu[4] aux vrais principes, il suffit du plus simple mot, d’une sentence connue de tout le monde, pour se souvenir qu’on ne doit avoir ni tristesse, ni crainte :

    salut de l’âme.

    Périr. Moralement.

  1. L’homme n’en devient que meilleur. Heureuses les âmes qui ont pu faire cette virile expérience !
  2. Ces prétendus revers. Qui sont les seuls que le vulgaire comprenne, parce qu’il ignore les déchéances morales et ne les sent pas.
  3. Ne blesse point non plus ni la cité, ni le citoyen. Voir plus haut, § 6, et liv. V, § 22.
  4. Une fois qu’on a mordu. La tournure du texte est encore plus vive : « Une fois qu’on a été mordu par les vrais principes. » C’est là ce qui fait l’immense supériorité des grandes doctrines morales, comme le Platonisme et le Stoïcisme. Ce sont de vraies religions ; elles règlent la conduite