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LIVRE XI, § III.

car ton sentiment serait bien retourné par cette épreuve. Même effet pour la danse, si tu la décomposais en chaque mouvement, en chaque attitude ; et de même aussi, pour les exercices gymnastiques. Ainsi donc, et d’une manière générale, sauf la vertu[1] et tout ce qui vient d’elle, tu dois courir sur les détails, et, en les divisant, arriver à en faire bien peu de cas. Tu peux appliquer cette même règle à la vie tout entière[2].

III

Que doit être l’âme[3] qui sait être toute prête au moment où, nécessairement délivré du corps, notre être doit enfin s’éteindre, ou se disperser, ou subsister éternellement ? Quand je dis que l’âme est prête, j’entends que cette fermeté doit

    qu’il soit, ne forme pas un tissu.

  1. Sauf la vertu. Qu’on a beau décomposer, et qui ne perd jamais le caractère qui lui est propre, même dans ses moindres détails.
  2. À la vie tout entière. La pensée n’est pas très-claire. Sans doute, Marc-Aurèle veut dire que chaque détail de la vie est peu de chose, mais que l’ensemble seul a une réelle importance, et encore dans la mesure qu’il a lui-même assignée à la valeur des choses passagères.
  3. Que doit être l’âme… Cette préparation à la mort est la conséquence toute naturelle de cet examen constant de soi-même, que le Platonisme avait recommandé, et qu’avait si énergiquement pratiqué le Stoïcisme. La soumission à la vo-