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Page:Pensées de Marc-Aurèle, trad. Barthélemy-Saint-Hilaire.djvu/437

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LIVRE XI, § XVIII.

nement les uns pour les autres[1] ; mais, sous un autre rapport, je suis né pour être à leur tête, comme le bélier est à la tête des moutons, et le taureau à la tête de son troupeau. Pars encore de ce principe plus élevé que, si ce ne sont pas les atomes qui gouvernent l’univers[2], c’est la nature ; ce principe admis, il en résulte que les êtres inférieurs sont faits pour les êtres supérieurs[3], et que ces derniers sont faits réciproquement les uns pour les autres.

Secondement. Examine ce que sont les hommes dans tous les détails de la vie, à table, au lit[4], etc.

    de catéchisme que se trace ici Marc-Aurèle. Les maximes qu’il se rappelle à lui-même au nombre de neuf lui représentent, comme il le dit, le chœur des neuf Muses ; et bien que quelques-unes de ces maximes puissent lui être personnelles, on peut aussi y trouver une utilité générale. La première se rapporte particulièrement à l’empereur ; mais, sans être empereur, on a toujours quelques subordonnés auxquels on commande et on doit donner l’exemple.

    Quelle est ma position. La suite prouve qu’il s’agit des fonctions suprêmes dont Marc-Aurèle était revêtu.

  1. Nous sommes faits certainement les uns pour les autres. Principe essentiellement stoïcien, et qui est le fondement même de la société humaine.
  2. Ce ne sont pris les atomes qui gouvernent l’univers. Comme le croyait l’Épicurisme. Marc-Aurèle combat toujours cette fausse doctrine, et il affirme énergiquement la providence, et l’intelligence infinie et toute-puissante, qui gouverne les choses.
  3. Les êtres inférieurs sont faits pour les êtres supérieurs. On pourrait tout aussi bien renverser ce principe ; et les êtres supérieurs peuvent sembler faits en vue des inférieurs, puisqu’ils doivent les diriger et les conduire pour leur bien.
  4. Secondement… à table, au lit. Voir