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Page:Pensées de Marc-Aurèle, trad. Barthélemy-Saint-Hilaire.djvu/441

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LIVRE XI, § XVIII.

la douleur que nous ressentons à l’occasion de ces actes sont plus pénibles que ne le sont ces actes eux-mêmes, qui nous causent tant de dépit et tant de peine.

Neuvièmement. Que la bonté est chose invincible[1], pourvu qu’elle soit réelle, et qu’elle ne soit ni fardée ni fausse. Que peut faire le plus violent des hommes, si tu conserves toute ta bonté à son égard ; si, dans l’occasion, tu l’avertis doucement, et, qu’au moment même où il essaie de te faire du mal, tu lui adresses sans te fâcher cette leçon : « Ne fais pas cela, mon ami ; la nature[2] veut de nous tout autre chose. Ce n’est point à moi que tu feras tort ; c’est à toi seul, mon ami ? » Puis, montre-lui, par une comparaison frappante et toute générale, qu’il en est bien comme tu le dis, et que les animaux mêmes qui vivent en société, comme les abeilles, ne font pas ce qu’il se permet. En lui donnant ce conseil, n’aie dans ton cœur aucun sentiment d’ironie ou

    plus de mal à nous-mêmes en ne nous modérant pas, que les autres ne peuvent nous en faire en nous attaquant.

  1. Neuvièmement. Que la bonté est chose invincible. C’est en ce sens que le Christ a dit : « Bien heureux ceux qui sont doux, parce qu’ils posséderont la terre. » Saint Matthieu, ch. V, verset 4. Voir aussi la 4e Élévation sur les Mystères dans Bossuet, et les Réflexions sur quelques paroles de Jésus-Christ.
  2. La na-