Page:Petrović-Njegoš - Les Lauriers de la montagne, trad. Veković, 1917.djvu/102

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Quand deux hommes parlent dans la rue,
Un troisième tend l’oreille pour écouter ;
De suite il court au tribunal,
Pour raconter ce qu’il a entendu,
En ajoutant et inventant quelques détails.
Le tribunal de suite arrête ces deux-là,
Et les envoie souffrir aux galères.
Ce régime de terreur les paralysait,
Et leur faisait perdre toute confiance.
D’une extrémité de Venise à l’autre,
Il ne se trouve pas un seul homme
Qui ne soupçonne dans son voisin
un agent secret ou un espion.
Grbitchitch jurait, l’autre jour,
que ces agents et ces espions
avaient dénoncé une fois un doge
devant le Sénat et devant tout le peuple,
et ce doge avait eu la tête coupée
juste sur le seuil de son palais.
Comment ne pas les craindre,
puisqu’ils osent s’attaquer à un doge ? !


KNEZ YANKO


Y avait-il des jeux à Venise
Comme chez nous quand nous nous réjouissons ?