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Page:Petrović-Njegoš - Les Lauriers de la montagne, trad. Veković, 1917.djvu/111

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Voyez-vous ici, à Cattaro,
ce même Sovra provéditore[1]
et les autres notables vénitiens ?
ils aiment mieux une poule ou un œuf
qu’un mouton ou qu’un fromage blanc.
Quel nombre étonnant de poules
ils peuvent égorger dans l’année.
Ils meurent dans les richesses
avec de gros ventres et des moustaches coupées[2],
en jetant de la cendre[3] sur leur tête,
et se mettant des boucles d’oreilles comme des femmes.
Dès qu’ils ont une trentaine d’années
tous deviennent comme de vieilles femmes,
on ne peut les regarder sans honte ;
dès qu’ils montent un peu l’escalier
ils deviennent blancs comme du linge,
et quelque chose leur bat sous la gorge,
on dirait qu’ils vont mourir de suite !


  1. Gouverneur de Cattaro.
  2. Au Monténégro, c’est un déshonneur de se couper les moustaches. Souvent ils jurent : « Par mes moustaches ! » ce qui veut dire : « Par mon honneur ! ».
  3. En se poudrant.