Aller au contenu

Page:Petrović-Njegoš - Les Lauriers de la montagne, trad. Veković, 1917.djvu/150

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

je suis plus près du royaume des esprits,
quoique mon corps retienne encore mon âme
et la cache comme la flamme dans la profondeur de la terre.
J’ai parcouru beaucoup de mondes ;
les plus saintes églises de Dieu,
que la terre a élevées au ciel,
je les ai parcourues toutes une par une,
j’ai assez respiré la fumée des autels.
Je suis monté sur le mont sacré
duquel Jérusalem entendit
de sa destinée l’effrayante prédiction.
J’ai visité les trois grottes
où le soleil des chrétiens est né,
où le ciel a béni l’étable,
où les rois, vers le nouveau-né céleste,
sont accourus se prosterner avec des présents.
J’ai vu le jardin de Guethzémanie
noirci d’effroi et de trahison.
Le vent fou éteignit la lampe sacrée !
Nous voyons sur de riches champs
pousser d’affreuses ronces,
l’autel d’Omar s’est élevé
sur les bases sacrées de Salomon
et Sainte-Sophie sert d’étable !
La composition de notre terre est risible ;
elle est pleine de changements fous.