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Page:Petrović-Njegoš - Les Lauriers de la montagne, trad. Veković, 1917.djvu/23

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Déjà elle est baignée dans le sang,
cent fois dans le tien et cent fois dans le nôtre !
Regarde l’acte du tzar[1] infernal,
que le diable instruit pour tout :
« Je ne puis, se dit-il, soumettre le Monténégro,
jamais il ne sera complètement mien ;
il faut agir ainsi avec ce peuple ! »
Alors le Messie du démon commença
à répandre les douceurs de sa religion mensongère.
Que Dieu vous maudisse, les parjures[2] !
Pourquoi la religion turque parmi nous ?
Où allez-vous avec la malédiction de nos ancêtres ?
Avec quoi paraîtrez-vous devant Miloch,
Et devant les autres héros serbes,
Ceux dont le souvenir vivra tant que le soleil brillera ? —
Quand je songe à la réunion d’aujourd’hui,
La flamme dévore ma poitrine !
Puissent mes frères ne pas s’égorger entre eux !
Puissent nos ennemis cruels et forts
Ne pas détruire le germe même dans le sein maternel.
Qu’il soit maudit le jour qui me vit naître !
Maudite aussi soit l’heure de l’an passé[3]

  1. Sultan.
  2. Serbes qui ont pris la religion musulmane.
  3. Un an avant ce soulèvement, l’évêque Danilo fut pris traîtreusement par les Turcs et ne fut relâché que contre la rançon de 3.000 ducats.