Page:Petrović-Njegoš - Les Lauriers de la montagne, trad. Veković, 1917.djvu/61

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Oh ! si je pouvais voir un jour
la Montagne-Noire retrouver ce qu’elle a perdu[1] !
Alors il me semblerait
que la couronne de Lazare brille sur ma tête
et que Miloch est revenu parmi les Serbes !
Mon âme serait alors tranquille
comme un calme matin de printemps,
quand les vents et les nuages épais
sommeillent dans la prison des mers.


(Les Turcs se regardent en dessous, inquiets.)


SKENDER-AGA[2]


Par ma belle religion, je m’étonne ;
quelle allusion fais-tu, évêque ?
As-tu trouvé un vase capable de contenir deux breuvages
ou une coiffe qui aille sur deux têtes ?
Le plus petit ruisseau se perd dans le plus grand,
au confluent il perd même son nom,
et au bord de la mer tous les deux vont mourir.
Veux-tu attraper des abeilles dans ton chapeau
pour former un rucher dans tes montagnes ?
personne ne mangera le miel venant de là !

  1. L’évêque fait toute une prière pour que les Serbes musulmans renoncent à l’islam et reviennent à la religion de leurs pères.
  2. Seigneur turc.