Page:Picard - Sabbat, 1923.djvu/119

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INVOCATION

Apparais-moi, le ventre ouvert et digérant — ô Gigantesque ! — la luxure de tout un royaume détruit. Aie, dans les yeux, cette bestialité implacable et désespérée qui fait de toi la suprême Brute, Satan. Pousse, devant toi, dans le cri des Égyptes pénitentes et le silence des Sodomes embrasées, les tribus de Jéhovah qui désespèrent Moïse, mais montre à ce triste fondé de pouvoir que la baguette d’airain c’est toi qui l’animes et que les tables de la Loi tu les portes sur ta poitrine formidable, Satan.

Que l’enfer sorte des trous de la cagoule, Moine qui fais de l’ombre sur les cilices et les croix, et puisque tu es le bouc, ô Satan, fornique, devant moi, avec, à la fois, quatre sorcières coiffées de feux follets et du rire des morts maudits.

J’attends dix mille chats pleurant du soufre, autant de hiboux aux ailes doublées de phosphore, et qu’au milieu de ces milices lugubres, s’avancent les inquisiteurs haletants,