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SABBAT

de cornes souterrains faisaient trembler Babylone.

Sœur sainte Alphonsine, Sœur sainte Séraphine, Sœur sainte Isabelle — ô vous l’abbesse des réprouvées, vous dont la bouche mince semble constamment bue par votre œil dévorant ! — pourquoi venez-vous de jeûner quarante jours ? À cause de Jésus ? À cause de moi ? Qu’importe !… Il savourait la Vie éternelle quand je reposais, sur son cœur inquiet et suave, ma tête de Bien-Aimé, jadis, à la Cène de la possession…

Ah ! si tout n’était pas tentation, c’est-à-dire si tout n’était pas Satan, que la vie et la mort seraient abominables !

Sœur sainte Alphonsine, Sœur sainte Alphonsine, qu’aimez-vous ?

— L’encens, cette musique vaporeuse, l’orgue, ce tonnerre qui souffle de l’encens, les vitraux où c’est si rose, si bleu, si rouge, si éteint, si embrasé, si mystérieux, si catholique, qu’il n’est pas possible d’y croire sans sombrer dans le désespoir délicieux du péché mortel inspiré par l’amour divin.

— Eh ! Eh !… Qu’aimez-vous encore ?

— Le bréviaire habillé de noir, fleuri de roses, la confession à voix très basse, et, autant que possible, à un Oblat, à un de ces religieux mélancoliques et à l’air espagnol qui soupirent à chacun de nos aveux, la main sur la croix de cuivre de leur poitrine farouche… La communion, au retour de laquelle, le voile nous tombe sur le visage, comme un