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SABBAT

confesseur qui sent, toute l’année, la morue du carême… Pouah !… »

— Mais la dame de qualité, de toutes façons, ne pense qu’à…

— Et toi ?

— Ah ! par exemple, si je…

— Tais-toi. Et le foin dans la grange chaude où l’araignée de l’après-midi court avec des pattes de soleil ? Et la rose agressive ? Et l’arbre vaincu ? Et la mousse qui appelle, la bouche humide ? Et la ronce qui retient, la griffe sèche ? Et le papillon qui a, sur ses ailes, les yeux implacables de sa luxure ? Et le lézard furtif comme la séduction ? Et ce léopard que tu n’as jamais vu et que tu ne cesses pas, cependant, d’étreindre tandis que son poitrail bat, si chaud et comme si humain, contre ta poitrine de démone chaste ? Mais pas pure. Non, non, pas pure ! La dame de qualité, et toi ? Ah ! ah !

Je te surveille, va, démone joueuse et qui sembles libre. Ce qui t’émerveille, avant tout, donc t’enchaîne, c’est le miracle qui fait partie de toi-même. Le miracle de la lèvre avide, mordue par la dent sagace… Le miracle de la prunelle, cette perfide prisonnière des cils…

Et la femme qui ne pense qu’à son miracle perpétuel, ne pense qu’à la volupté. Vous y pensez toutes !

Que dit la dame de qualité en se décoiffant ? « Ma chevelure est à moi. Pas au désir ! Je hais le désir car il prend, déjà, possession de moi. Quelle audace ! J’ai envie de