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SABBAT

« Vous n’irez plus à la messe, sacrée dévote.

« — Oui, monsieur. »

Dix ans après :

« Vous me dégoûtez.

« — Oui, monsieur.

« — Il faut vous faire enlever le sein.

« — Oui, monsieur. »

L’année dernière :

« Hortense, vous serez ma légataire universelle. Êtes-vous cupide ?

« — Oui, monsieur.

« — Bougre de bête ! Vous ne savez pas ce que vous dites. Il n’y a pas plus désintéressé que vous.

« — Oui, monsieur.

« — Je vous donne toutes mes valeurs, mes joyaux, toutes mes vieilles dames, la tête de mort…

« — Oui, monsieur.

« — Je préfère aller en enfer, voyez-vous. Si j’offrais ma fortune à l’Église apostolique — ah ! ah ! — et romaine, un bon truchement, peut-être sincère, m’assurerait, entre deux cierges et en m’imposant quelques applications d’huile, que je suis sauvé. Mais il me plaît de vous faire riche, riche, vous qui comptez 77 ans, vous qui avez — merci, Hortense ! — perdu un sein à mon service.

« — Oui, monsieur.

« — C’est bien. Je vais en enfer, n’est-ce pas ?

« — Oui, monsieur.