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SABBAT

J’ai préféré, à nos caresses, le vol de nos courlis voyageurs, et, à nos baisers, le sceau parfumé de la fleur sur le printemps. Et, aussi, à ta présence — ne souris pas ! — ton ange invisible qui ne me quitte plus.

J’ai le sens et le goût du bonheur, moi, et je sais qu’il n’est possible que par l’âme.

Loi flamboyante des Archanges ! Vous nous défendez du désir par le glaive, mais vous nous ravissez, dans l’Amour, par la lyre sept fois accordée.

« Ma mie, m’a-t-elle murmuré, chaque fois, après la triste étreinte, viens-tu ?… » Et n’aie pas peur, mon enfant, et bénis-moi quand, appuyant ma tête rayonnante contre ton cœur, alors que le silence est posé près de nous comme la coupe suprême de la dernière nuit, je tends nos mains enlacées à Celle qui ne cesse pas de me dire : « Viens-tu, ma mie ?… Viens-tu ?… »