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SABBAT

ler de moi ? Votre catéchisme, vieux catholique ? Les rides de votre front, pauvre débauché ? Une petite fleur bleue, mon cher petit cœur ? Vous écoutez donc ce qu’on vous dit ?… Mais ce que vous vous dites, vous, malgré vous, et dans le secret du secret, dans la crypte noire et profonde où ne descend que le rayon de Dieu ou du Diable, dans le cachot sacré de votre âme où l’éternité captive bat des ailes, qu’en faites-vous ?

— Hélas !

— Je vous connais, allez, et vous méritez mille maléfices puisque vous refusez mille prodiges divins. Attendez-vous à ce que je sois la souris qui, dans les nuits où le vent grignote le silence, fixe des yeux trop brillants, ma foi, sur l’âme des solitaires. Je ne ronge pas — sachez-le — que le bois, le marbre et le fer. M’avez-vous vu arrêter les torrents avec le ruban de ma magie blanche et mettre, aux montagnes, la laisse des troupeaux vaincus ? Ne savez-vous donc pas que j’ai la main sonore et brûlante du tonnerre et cette filouterie élastique de l’éclair qui, d’un tour de clef bleue, entre partout ?

— Par quelle fatalité inconcevable ai-je rencontré ce monstre ?

— Ah ! ah ! comme si tu m’avais rencontrée. J’ai présidé à ta naissance et l’ai voulue… Et depuis… et depuis…

_ Raca ! Tu as le visage de tout ce que je hais.

— Premier aveu, il en promet un autre.