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Page:Picard - Sabbat, 1923.djvu/254

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SABBAT

dial que celui qui rompt le pain, prend la cruche, noue le chanvre, attache le fagot.

— Au revoir !

Et, soudain, je retombe, les jambes brisées, l’âme brisée. Voyons : ne vais-je pas m’évanouir de fatigue ? Je sens, sur mon visage, ramper la pâleur avec une lenteur de serpent. Je n’en peux plus. Que t’ai-je dit ? J’ai dû gémir, les mains sur la figure et déborder de poésie, comme l’urne du Nil dans les roseaux.

D’où viennent toutes ces perles qui font, sur ma robe, la ronde du faste et de la richesse hautaine ? Pourquoi, sur mon épaule, ai-je le poids terrible et charmant d’une chanson d’oiseau ? Et comment tant de silence, de fatalité, d’ironique science m’entourent-ils ? Le jeu des tarots étincelants et funestes s’abat sur moi, et, toute chose, en me regardant, a un visage de sibylle.

Que t’ai-je dit ? Que t’ai-je dit ?… Ah ! nulle discipline, nulle froideur, nulle volonté, n’ont raison des paroles et des pensées qui nous quittent quand nous nous trouvons en face de l’Amour !

Je t’ai tout raconté, n’est-ce pas ? Et la fièvre était sensible, autour de moi, comme une tempête.

Mon enfance ?… Oui, je te l’ai fait connaître avec l’impétuosité que l’on met à fau-