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LA PAUVRE PETITE SORCIÈRE

En robe de tous les jours, assise sur le seuil de sa caverne sombre. Elle a, au creux de la main, une coque de noisette et elle la regarde tristement.

Toujours les âmes qui s’en vont, qu’elles soient celle du fruit boisé, de la rose légère ou de l’amoureuse qui va remplir sa coupe à la dernière fontaine.

Toujours, cette plainte, toujours ! La plus pathétique, c’est la plainte que les morts ajoutent au chant des courtilières, dans les profondeurs souterraines.

Toujours cet appel du départ, toujours ! Le plus mystérieux, c’est l’appel qui tombe de la voix des courlis quand la forêt sent le marécage et la pluie d’octobre.

Ah ! que la pauvre petite sorcière a mal à son cœur sauvage ! C’est par l’instinct qu’on se montre si compréhensive, quand on n’est qu’une pauvre petite sorcière, et, vraiment, les âmes innocentes ont beaucoup à consoler, ici-bas…

Tout le monde ne voit pas le deuil de la