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SABBAT

enlacée à l’enfant qui ne parle pas. Voici le parfum de myrte et de solitude : n’est-ce vraiment qu’un parfum ? » — « Oh ! c’est, déjà, toute l’inimaginable forêt où, plus tard, je serai nue, terrible, radieuse et sagace comme l’Ombre originelle qui, sous chaque feuille profonde, regardait se cacher la tête plate et furtive qui voulait savoir… » — « Voici une rose : n’est-ce vraiment qu’une rose ? » — « Tant pis pour ceux qui ne volent pas, sur sa multiple face, circuler et se contredire le sourire infini, poindre l’épine démoniaque… » — « Voici une goutte de rosée : n’est-ce vraiment qu’une goutte de rosée ? » — « Mes futurs soleils l’habitent et l’embrasent. Encore une fable, Satan ! » — « Une fable ? Ah ! ah ! Je viens de te présenter des univers… En veux-tu d’autres ? Des régions musicales et pures, descendons dans les régions sonores et maudites que la couleur rouge frappe de sa corne de taureau dément, et viens, avec moi, toucher le front des possédés, comme Jésus, vêtu de lin, les touchait avec moi qui étais couronné de sainte indignité humaine.

Ma fille, approche-toi de mes fils et de mes filles qui ont eu soif et faim ainsi que toi. Qu’importe la boisson, la nourriture auxquelles ils aspiraient ! Ce qui compte, c’est la soif, c’est la faim, et, plus on est dévorant, plus on devient la proie que l’on guette, et la divinité est à ceux qui cherchent Dieu ou Satan, son frère… » —