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Page:Picard - Sabbat, 1923.djvu/299

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SABBAT

Un-qui-se-croit-très-fort. — Voilà ! Je vais vous dire pourquoi il s’est révolté : on voulait faire de lui un Archange. Pensez donc ! Un Archange… Vous comprenez que lorsqu’on a, en soi, l’étoffe du Diable…

L’univers. — Ah ! dès qu’ils ont senti le souffle du Démon courir sur eux, les feuilles ont dansé d’allégresse et les fauves ont léché le sang de leurs blessures.

Les fous. — Satan ? L’hypocrite magnificence des sages.

Les sages. — Satan ? La dignité rayonnante des fous.

La milice infernale. — Satan ? L’Espérance, cette forme éblouissante de l’orgueil.

La milice céleste. — Satan ? — Hum ! — Il nous manque parfois.

L’archange Saint Michel, amèrement. — J’ai toujours pensé qu’il resta plus sympathique que moi, le Dragon.

Satan. — Mon cher saint Michel, on a fait de vous, à votre retraite, dans les arsenaux désaffectés de Jéhovah, un fort propre capitaine préposé aux faux cataclysmes. Hélas ! plus de déluge et d’Amalécites, et, se répondant, dans l’horreur de la sainte colère juive, plus de chœur des Hébreux, plus de chœur de grenouilles. Plus de chenapans, de possédés, de musiciens, de maudites de haute volée : je fais allusion à Absalon, à Saül, à David, à la charmante statue qui fondit à la première averse. Plus de Pharaons dont la