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SABBAT

voici quelques-unes : Madame saint Paul, la potinière imbécile à la chaude voix de garçon. Madame saint Eustache, si goinfre et si pieuse — au couvent, ça va ensemble la ferveur et la boulimie — et dont les borborygmes étaient aussi zélés que les rosaires. Madame sainte Rosalie, grotesque et apoplectique — cou énorme et voix de fausset étouffée par la pléthore, l’hypocrisie et l’eau bénite. Madame saint Pascal — la supérieure — à la tête de Jésuite mondain, au sourire prudent et gâté, douce, molle, douteuse, fruit blet et véreux des greniers célestes. Madame sainte Augustine habitée, au ventre, par le fibrome et, à l’âme, par la perfidie élégiaque. Madame saint Bernard, « le Voltaire » du couvent, l’« encyclopédiste » suspecte à la supérieure, mais si pittoresquement parente du vase étrusque, du gendarme et du requin que la sympathie qu’elle nous inspirait, nous la répandions en éclats de rire irrévérencieux sur ses pas.

Oublierai-je Madame saint Roch, brutale et obtuse, punissant en masse comme Jéhovah, chien hargneux du Bon Pasteur, fanatique conductrice de tribu, ayant — la malheureuse ! — du poil et des clefs partout ? Sa lourde mâchoire, son lourd crucifix, sa lourde sonnette faisaient d’elle un Dominique à la colère permanente, mais, de temps à autre, comme elle était une passionnée de l’Eucharistie, elle beuglait le nom de Jésus avec une impudeur désespérée, et nous nous aperce-