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SABBAT

fime, mais très responsable Point d’interrogation éternel devant le divin Hurluberlu d’Olivier, les stérilités de son amour, l’arbitraire de ses prédilections, ses tyrannies, ses disgrâces, ses foudres, elle connut, enfin, — ô perversité catholique ! — le scrupule plus rongeur qu’une plaie, l’inquiétude plus désorganisatrice que la fièvre, le doute plus aride que le sol des Judées vaincues.

C’était de la « belle ouvrage ». Pauvre sorcière de dix-sept ans ! Elle maigrit, ne dormit plus, s’éloigna de la communion et appela tout bas sa mère.

« Une damnée ! » disaient les vieilles religieuses en rassemblant leurs lunettes et leurs râteliers, en me passant au cou des scapulaires de leur fabrication dont la moire bleue ou verte semblait vomie par quelque gastrite angélique, et les borborygmes de Madame saint Eustache se firent réprobateurs comme le tonnerre du Sinaï.

Mais la sorcière de dix-sept ans qui cherchait le Dieu de la nature heureuse et à laquelle on présenta le Dieu des moines et des obsédés tomba dans une inquiétante mélancolie. « Crise de la dix-huitième année », diagnostiquait le docteur Pratiquant, dévot prolifique qui, oint, modeste et brûlant, faisait penser à un cierge père de onze bougies.

Pauvre sorcière de dix-sept ans ! Dieu, pour elle, était ce qui lui restait du sourire maternel toujours absent… Tout ce qu’elle