Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1898, 3.djvu/24

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il croit savoir que la famille de M. le baron Pichon serait heureuse de trouver un acquéreur qui pourrait en même temps être le conservateur et le sauveteur de cet immeuble, et il affirme qu’elle serait toute disposée à traiter avec la Ville de Paris au moyen d’annuités dont le taux serait à débattre.

Il signale que plusieurs demandes ont déjà été faites tendant à l’acquisition des boiseries et des peintures, qui seraient enlevées et revendues aux collectionneurs.

L’éparpillement de ces richesses serait, ajoute M. Auge de Lassus, un véritable acte de vandalisme, car l’on ne saurait rien enlever ni déplacer sans dévaster ; il faut remarquer que les peintures des plafonds sont faites à même le plâtre ; l’intérêt et la valeur d’art de cet hôtel résident dans son ensemble extraordinairement intact.

Il y a donc un véritable intérêt national et parisien à sauver de la destruction ce monument incomparable.

La Ville, d’ailleurs, ne serait pas en peine pour lui trouver une affectation, ne serait-ce qu’en le louant, et en imposant des servitudes très sévères en ce qui concerne l’aménagement intérieur.

D’importantes propositions de location ont déjà été faites à la famille pour la partie riche de cet hôtel.

Les vieux logis parisiens, ajoute le même orateur, tombent et disparaissent les uns après les autres, hier encore c’était un hôtel de la rue des Archives, puis une maison galante du plus grand intérêt située boulevard Montparnasse, et aussi l’hôtel Beauvau. Ce sont des désastres, mais ce n’est pas notre faute ; nous n’étions pas là ; nous n’y pouvions rien. Aujourd’hui, nous demandons instamment que l’on conserve cet hôtel qui est célèbre, qui ne se trouve sur le tracé d’aucun percement — en un mot, qui ne demande qu’à vivre. Il estime que pour une trentaine de mille francs par an, pendant plusieurs années, la Ville pourrait, se rendre acquéreur de ce précieux spécimen des grands hôtels du xviie siècle. Ce serait, ajoute t-il en terminant, un don de joyeux avènement pour la Commission du Vieux Paris.

M. Charles Lucas appuie les conclusions de M. Auge de Lassus pour ce qui est de l’acquisition de l’hôtel ; il estime que le terrain seul peut représenter, pour la Ville de Paris, une valeur d’environ 200,000 francs, d’autant plus que ce terrain peut être nécessaire un jour pour l’agrandissement de l’école communale qui est mitoyenne à l’hôtel Lauzun. Dans ce cas, les peintures et les boiseries de cet hôtel pourraient servira la décoration des nouvelles salles à créer rue de Se vigne, 25, pour l’achèvement du musée Carnavalet, ou rue de Sévigné, 29, pour le complément de la Bibliothèque historique.

Après un échange d’observations sur l’affectation que l’on pourrait donner à cet hôtel, au cas où il deviendrait propriété municipale, la Commission émet, à l’unanimité, le vœu que son acquisition en soit faite par la Ville de Paris.

La Commission vote également que l’hôtel, s’il est acquis, sera conservé dans son état actuel.

La Commission décide, en outre, d’inviter l’Administration préfectorale à présenter un mémoire dans ce sens au Conseil municipal.

M. le Président reprend la suite du compte rendu des travaux et des projets de vœux élaborés par les Sous-commissions :

2e sous-commission.
Dérivation des égouts des quais.

M. le Président propose à la Commission, en ce qui concerne la dérivation des égouts des quais, pour le prolongement de la ligne d’Orléans, de ne faire le rapport d’ensemble sur cette opération que lorsque les travaux seront plus avancés.

Adopté.

Pierres provenant du mur découvert à la pointe de la Cité.

Les inscriptions provenant des pierres du mur de la Cité ont été déposées au musée Carnavalet.

Cercueils découverts rue des Prêtres-Saint-Germain-l’Auxerrois.

Les parties intéressantes de ces cercueils ont été également transportées au musée Carnavalet.

Suit la teneur du procès-verbal des fouilles supplémentaires faites rue des Prêtres-Saint-Germain-l’Auxerrois :

« L’an mil huit cent quatre-vingt-dix-huit, le 7 mars,

Nous, soussigné, conducteur principal des