Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1899, 1.djvu/10

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moellons, ils ne paraissent avoir aucun intérêt au point de vue de leur construction, mais ils sont des vestiges de maisons certainement antérieures à la rue de la Lune, car la rue de la Lune figure sur le plan Gomboust telle qu’elle est actuellement.

« J’ai l’honneur d’être, Monsieur le Conseiller, votre très dévoué serviteur.

                    « A. Bigorgne. »

Des remerciements seront adressés à M. Bigorgne pour sa communication.

9. — Note de M. Brette demeurant 54 bis, rue Rochechouart, relative au plan de Paris dit Plan des artistes.

« Le Plan des artistes aurait un prix tout particulier pour l’histoire si l’exemplaire authentique, unique, pouvait être retrouvé ; on en a perdu la trace depuis le commencement du siècle. Tout porte à croire qu’il est précieusement conservé dans les combles de quelque ministère, sa valeur étant méconnue. Il appartiendrait, semble-t-il, à la Commission du Vieux Paris de provoquer des recherches en ce sens. Il résume, dans cette vue, l’histoire de ce document.

« Parmi les plans de Paris contemporains de la Révolution, écrivait M. A. Bruel, il y a plus de vingt ans, nul n’avait plus d’importance, surtout au point de vue administratif, que celui qui est désigné sous le nom de Plan des artistes, et nul pourtant ne paraît moins connu. Qu’était-ce donc ce plan unique, que personne peut-être parmi nos contemporains ne pourrait se flatter d’avoir vu ? D’après les renseignements que nous avons pu recueillir, c’était un exemplaire du plan de Verniquet, exécuté, comme on sait, de 1774 à 1789, sur lequel une commission d’artistes nommés par la Convention nationale avait indiqué les alignements et les percements à exécuter dans Paris sur les terrains des établissements supprimés. C’était le plan des embellissements futurs de Paris, tel que la République l’avait compris, et en même temps il devait faire loi pour les servitudes de percements futurs, imposés aux acquéreurs des terrains domaniaux. Qu’est devenu ce plan dont on devine l’énorme importance ? C’est ce que les historiens et les administrateurs eux-mêmes semblent ignorer. » (Note publiée dans les mémoires de la société de l’Histoire de Paris, 1877, t. IV, p. 115.)

« Avant de suivre les vicissitudes du Plan des artistes tel que les expose clairement M. Bruel, nous croyons devoir donner ici le texte du décret de la Convention du 5 juin 1793, qui ne se trouve pas dans la note que nous suivons.

     « La Convention décrète :

« Article premier. — L’administrateur des domaines nationaux est autorisé à faire graver, au trait seulement, et d’après le plan général de la ville de Paris, dressé par le citoyen Verniquet, sur l’échelle d’une demi-ligne par toise, les plans particuliers de tous les établissements nationaux existant dans l’étendue de cette ville et parties adjacentes, en distinguant les propriétés particulières qui s’y trouveraient enclavées, ou qui les borderaient, et avec l’indication des rues aboutissantes. »

« Les art. 2 et 3 règlent les mesures à prendre avec les artistes pour le travail projeté, les indemnités à leur accorder, etc.

« L’art. 4 ordonne qu’une somme de 12,000 livres sera consacrée aux frais de gravure et à tous autres relatifs à ladite opération.

« Art. 5. — L’administrateur des domaines nationaux... mettra sous les yeux de la Convention, dans le plus bref délai, l’état des maisons nationales à la vente desquelles il sera convenable de supercéder... », etc.

« On avait cru, à certaine époque, que ce plan se trouvait aux Archives nationales. En poursuivant des recherches qui lui permettent d’affirmer qu’il n’y est pas, M. Bruel a mis la main sur un dossier dont il publie les pièces les plus importantes, résumant la correspondance échangée par diverses administrations au sujet de ce plan. On le signale en 1807 dans une salle du rez-de-chaussée de la Bibliothèque impériale. On voit dans une lettre de l’administrateur du Conservatoire des arts et métiers du 3 avril 1807 que : « la table sur laquelle il a été dessiné, de 66 pieds 6 pouces de longueur, sur 13 pieds 6 pouces de largeur, est construite en bois de chêne, de manière à n’éprouver aucune variation suivant les changements de l’atmosphère, et l’exactitude des opérations trigonométriques qui ont servi à la levée de ce plan le rendent très précieux ». François de Neufchâteau, ministre à l’Intérieur « informé que ce local était trop humide... décida le 5 prairial an VII qu’il serait transféré au Conservatoire des arts et métiers, pour y recevoir tous les soins nécessaires à sa conservation et pour en faire jouir le public... »

« Le transfert projeté n’eut pas de suite. Une