Page:Proudhon - Du principe de l'art et de sa destination sociale.djvu/211

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
199
ÉGYPTE : ART TYPIQUE

que la législation suppose en nous une faculté juridique, nous avons passé en revue les diverses manifestations de l’art depuis les temps les plus anciens jusqu’à nos jours ; nous avons constaté qu’en effet tel avait été le but et l’effet de l’art, quelque forme qu’il eût prise et quels que fussent ses moyens ; qu’il était tombé chaque fois qu’il avait oublié sa mission hautement morale et hygiénique ; que l’idéal s’étendant à fur et mesure des progrès de la raison, l’art avait dû, à différentes époques, renouveler ses moyens, et que nous étions arrivés précisément à l’une de ces époques où, l’idéalisme antérieur étant dépourvu de sens, inintelligible, une rénovation complète de l’art est nécessaire.

Cet idéalisme consiste non plus en de vaines personnifications, que la puissance d’abstraction de nos langues et nos méthodes de raisonnement ont rendues inutiles ; non pas davantage dans des représentations soit de la beauté du corps, soit de la sainteté de l’âme, beauté et sainteté que la contemplation artistique s’efforçait d’élever jusqu’à l’idéal : cette recherche de la perfection est désormais considérée par nous comme chimérique, inutile, partant contraire à la raison pratique et au but de l’art. Notre idéalisme, à nous, consiste à nous apprendre nous-mêmes, à nous amender jour par jour, non d’après des types conçus à priori et plus ou moins ingénieusement figurés, mais d’après les données que fournissent incessamment l’expérience