Page:Proudhon - Du principe de l'art et de sa destination sociale.djvu/225

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
213
ÉGYPTE : ART TYPIQUE

prendre à cette invention nouvelle ? Le dessin y manque-t-il, ou la couleur ? N’y a-t -il pas de l’étoffe, et, comme on dit à l’atelier, de la patte ? Elle ne vous plaît pas : pourquoi ? Déduisez-moi vos raisons. Oh ! vous aimeriez mieux, on le sait, une nymphe de Pradier ou de Clésinger, dans une posture impossible, sous l’aiguillon d’Éros ; une odalisque de M. Ingres, ou tout autre miroir aphrodisiaque. Vos feuilletons, vos romans, vos petits vers, témoignent là-dessus et de votre éthique et de votre esthétique. Mais n’y a-t-il donc que la Vénus vulgivague ou millionnaire, en chemise ou retroussée, qui puisse être appréciée de vous ? Cette honnête femme, qui sort du bain et se laisse voir par derrière, sans songer à mal, ne trouvera-t -elle pas grâce devant vous ? Oublions, pour un moment, vos délices épicuriennes, et raisonnons.

« Elle est laide, elle vous dégoûte, » prétendez-vous. — N’exagérons rien : nous faisons ici de l’art, non de la volupté. Que la femme que vous montre ici Courbet, dans une attitude aussi réservée que la nudité le comporte, ne soit rien moins qu’une beauté idéale, c’est possible : telle n’a pas été non plus l’intention du peintre. Grasse et dodue, large de croupe et fournie d’encolure, brune et luisante, à coup sûr op ne vous la donna jamais pour une Diane ou une Hébé. Remarquez cependant qu’elle n’est ni bossue, ni bancale, ni mal bâtie ; le monde est plein de belles femmes