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PRÉFACE

multitude, parviennent très-promptement à la célébrité. Cependant la gloire des inventeurs dans les sciences semble avoir un éclat plus fixe, plus imposant. Les vérités qu’ils ont découvertes circulent de siècle en siècle pour l’utilité de tous les hommes, sans être assujéties à la vicissitude des langues. Si leurs ouvrages cessent de servir à l’instruction de la postérité, ils subsistent comme des monumens destinés à marquer, pour ainsi dire, la borne de l’esprit humain, à l’époque où ils ont paru[1] ».

Sous ce point de vue, n’y eût-il que la satisfaction de suivre l’astronomie dans ses accroissemens, l’ouvrage de Ptolémée seroit toujours du petit nombre de ceux qui ont fait époque dans la succession des siècles. Mais quand on pourroit lui appliquer ce que l’auteur que je viens de citer dit de ceux d’Archimède et de Newton, « qu’on ne les lit plus guères aujourd’hui, parceque la science a passé le terme où ils l’avoient portée, il resteroit encore à l’ouvrage de Ptolémée un mérite particulier qui le sauvera toujours de l’oubli. Son système sera rejetté, ses méthodes seront oubliées, mais il faudra toujours avoir recours aux observations qu’il rapporte, aux dates qu’il leur donne, aux époques qu’il marque pour les astres. Et quand l’astronomie pourroit s’en passer, l’histoire en auroit toujours besoin pour placer les événemens à leurs temps. Or ces époques, ces éclipses, ces phénomènes dont les dates sont si essentielles pour la chronologie, où les trouver, si ce n’est dans son ouvrage ? Et puisqu’au nombre des services que ce livre peut toujours rendre, j’ai mis ceux que la chronologie en retire, je ne puis me défendre d’en donner ici un exemple en déterminant par avance pour la suite de cet ouvrage, l’ère de Nabonassar à laquelle Ptolémée rapporte toutes les observations dont il fait mention. « La correction de 8′ dans le mouvement séculaire de l’anomalie de la lune, conclue de plusieurs observations comparées de Lahire, Flamsteed, Bradley et Maskelyne, est la même qui résulte de cinquante : deux éclipses observées par les Chaldéens, les Grecs et les Arabes, et confirme les 70d 37′ que Ptolémée a donnés pour l’élongation moyenne de la lune au soleil, à midi du 25 Février de l’an 746 avant l’ère chrétienne à Alexandrie, et à 22 heures 8′ 39″ à Paris[2] ». Lalande la fixe au 26 Février 747 av. J.-C., suivant les chronologistes, ou 746, suivant la manière de compter employée par M. Cassini, et que j’ai adoptée dans mon astronomie, « dit-il[3] ». En remontant par le mouvement apparent du soleil depuis le mouvement actuel jusqu’à l’époque assignée à cet astre par Ptolémée, pour la première année de l’ère de Nabonassar ; on trouve que cette ère a dû commencer un mercredi (férie 4e) 26 Février de l’an 747 avant J.-C. Les années dont elle est composée, sont des années vagues de 365 jours, sans intercalation à la 4e année, de même que celles des anciens Égyptiens ; ce qui produit, comme on l’a dit ailleurs, une année de plus sur 1460 années juliennes, De là vient que Censorin compte à l’an 338 de l’ère chrétienne, 986 ans de l’ère de Nabonassar, quoiqu’il n’y ait que 985 années juliennes[4]. « Il ne peut y avoir de doute sur cette époque, avoit dit auparavant Lalande[5] ; car on trouve dans Ptolémée le lieu de toutes les planètes pour le commencement de cette époque ; et il ne peut y avoir qu’une seule année

  1. Discours sur la Vie et les Ouvrages de Pascal.
  2. Exp. du Système du Monde.
  3. 2 Mém. sur Merc.
  4. Art de vér. les dates, vol. 1, 3e éd.
  5. Ibid.