Page:Réchetnikov - Ceux de Podlipnaïa, trad Neyroud, 1888.djvu/21

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haute futaie de pins et de bouleaux magnifiques.

Malgré tout, les habitants de Podlipnaïa trouvent leurs chenils fort habitables et n’ont pas l’ambition d’avoir des maisons saines et bien éclairées.

La misère est si grande dans ce coin de ce pays qu’on n’aperçoit ni granges, ni meules de foin, ni jardins potagers, rien, sinon quelques carrés de choux, de carottes et de pommes de terre.

Été comme hiver, le paysage est nu et désolé.

De l’autre côté de la route s’étend une vaste jachère, cernée par la forêt immense et par un marais parsemé de bouleaux rachitiques, de pins et de tilleuls hydropiques. Vous ne verrez pas de terres labourées à Podlipnaïa ; les habitants ont essayé à plusieurs reprises de défricher ce sol inculte, mais vainement : ils s’y sont pris de toutes manières, ils ont semé leur blé à diverses époques, très tôt ou très tard, mais sans succès : la gelée, la pluie ou bien la sécheresse ont toujours fait périr les germes de leur récolte ; jamais le blé ne parvient à maturité, car la neige ou les grands froids sont toujours arrivés avant que les épis soient jaunis.

Quand ces pauvres gens ont bien travaillé, qu’ils se sont bien exténués toute l’année, ils doivent tout de même faucher l’herbe gelée ou prendre de l’écorce de tilleul pour la mélanger à leur farine afin de faire une espèce de pain.