Page:Réchetnikov - Ceux de Podlipnaïa, trad Neyroud, 1888.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Les idées de ces braves gens sont fort simples : ils se doutent bien qu’il y a un Dieu, mais ils ne se sont pas creusé la tête pour savoir comment et de quoi il est fait. Ils conservent les habitudes chrétiennes de leurs ancêtres sans toutefois les comprendre ; ils prient devant des images qu’ils se sont faites et qui sont de véritables épouvantails. Comme c’est la terre qui nous donne notre nourriture et qu’on lui confie les morts, ils l’adorent, le soleil qui les réchauffe et les éclaire, ils l’adorent aussi comme un Dieu. Comme des dieux ils révèrent la lune, la pluie, la neige, les éclairs.

Ils savent aussi qu’il y a une ville qui s appelle Tcherdyne, mais c’est tout : ils ignorent ce qu’il y a au delà. Ils n’y vont que pour s’y procurer la nourriture nécessaire, car c’est là que se trouve l’administration qui leur cause une sainte frayeur. Un beau jour, il était venu des fonctionnaires du gouvernement qui avaient visité ce hameau perdu, auquel ils donnèrent le nom de Podlipnaïa ; puis, après eux, était arrivé un prêtre qui leur avait fait embrasser la religion orthodoxe et abjurer leurs hérésies : on les avait même baptisés. C’est à partir de ce moment qu’on avait commencé à les recruter pour l’armée au même titre que les autres, mais aucun d’eux n’était revenu. S’ils l’avaient osé, les habitants du hameau auraient bien