Page:Réchetnikov - Ceux de Podlipnaïa, trad Neyroud, 1888.djvu/63

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Si tu crois que je vais dénouer la corde pour te faire plaisir, tu te trompes.

— Je veux défaire le nœud moi-même.

Le paysan donna au jeune homme un coup d'épaule qui le fit s'écarter ; il jeta alors comme un enragé de la terre sur le cercueil et combla en moins de rien la fosse fraîchement creusée, puis il planta sur le tas de terre les deux haches qu'ils avaient avec eux.

— Allons, Aproska, tu ne peux pas te plaindre : on ne t'a fait tort de rien.

Les gamins retournèrent alors dans l'église auprès de leur mère qui n'avait pas voulu assister à l'enterrement.

Pila et Syssoïko restèrent près d'une demi heure auprès de la fausse, sans mot dire ; ils regrettaient leurs hachettes, mais qui sait ? Aproska pouvait en avoir besoin.

— La pauvre ! Elle a vécu, vécu et maintenant elle est morte.

— Si seulement la vieille ne la mange pas… Dis donc, pourquoi l’a-t-on enterrée ?

— Parbleu, parce qu’elle est morte ? Que veux-tu que l'on en fasse ?

— Reprenons-la et partons ! Veux-tu ?

— Essaie. Elle n'est déjà plus là.

— Menteur !

— Le pope m'a dit qu'elle s'était envolée.

— Puisque nous l'avons enterrée, qu'en peut-il savoir ?