Page:Réchetnikov - Ceux de Podlipnaïa, trad Neyroud, 1888.djvu/67

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— On devient riche là-bas. Il y fait bien meilleur qu’à Podlipnaïa ! Nous mourrons au hameau, maintenant qu’Aproska n’est plus là.

Pila se mit à pleurer.

Syssoïko l’injuria, ce qui le soulagea. Tout ce qui lui pesait, cette douleur qu’il ne comprenait pas, se fondit en insultes.

— Allons, frère !

— Eh, Pila !

Leur douleur était sans bornes ; ils ne pouvaient que s’appeler l’un l’autre, incapables de manifester leur souffrance par des mots. Le monde était vide pour eux, écrasant, insupportable. Ils n’avaient aucune consolation en perspective.

— Partons, Pila, et conduis-nous. Je ne retourne pas à Podlipnaïa.

— Oui ! viens avec moi, ne me quitte pas ; si tu meurs, je serai trop malheureux, je mourrai.

— Moi aussi.

Ils passèrent la nuit chez un paysan, mais ils ne fermèrent pas l’œil. Vers le matin seulement, ils s’assoupirent et eurent un affreux cauchemar : ils voyaient Aproska étendue dans sa bière, la vieille l’avait mordue et rongée ; de temps à autre, elle poussait un gémissement.

De grand matin, après avoir dormi deux heures, ils réveillèrent Matriona et les enfants, et partirent pour la ville.

…/…