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MÉLANGES.

Hong Tjyong-ou a soif de s’instruire ; très ambitieux, il aspire à se pénétrer de la civilisation européenne afin d’en faire profiter son pays. Curieux, surtout, de politique française, il veut dans quelques années retourner en Corée pour se mettre à la tête d’un mouvement analogue à celui qui a amené l’état actuel du Japon.

Il compte pour l’aider dans cette entreprise sur ses jeunes compatriotes, assez rares, qui se sont depuis peu répandus en Russie et dans les États-Unis, dont le programme est contenu dans ces deux propositions :

I. La Corée rendue complètement indépendante de la Chine, du Japon et de la Russie, qui l’enserrent.

II. Abolition des barrières qui isolent la Corée du monde entier.

Hong Tjyong-ou a l’Angleterre en horreur. Ce n’est sans doute pas seulement parce que cette puissance retient depuis deux ans à Hongkong, de connivence avec la Chine, l’ambassadeur que la Corée a désigné pour la représenter en Europe — moins favorisé en cela que l’Amérique qui a vu arriver à Washington le premier diplomate Coréen en 1889, M. Boukoutério, ami de Hong Tjyong-ou.

Les Chinois qui s’étaient opposés violemment et vainement à son départ, ne purent l’arrêter en route, comme son collègue d’Europe — les Japonais n’ayant pas voulu se mêler de l’affaire et le Pacifique manquant d’escales britanniques —. Ce fut sans plus de succès qu’ils tentèrent d’empêcher que le Coréen soit reçu officiellement par le président des États-Unis.

Cette réception fut l’occasion d’un gros incident diplomatique. M. Boukoutério, ayant rang de ministre, dut passer avant l’envoyé Chinois qui n’était que chargé d’affaires.

À Pékin on poussa des cris de paon, et si l’on se contenta du rappel de l’envoyé Coréen, c’est qu’on ne put obtenir sa tête malgré toute l’insistance qu’on mit à la demander.