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Quelques-uns d’entre ceux de Juillet, que le blâme
De leurs livres repus ne découragea point.
Crurent bon de montrer la candeur de leur âme.

Alors, dupes, — eh bien ! ils l’étaient à ce point
De mourir pour leur œuvre incomplète et trahie ! —
Ils moururent contents, le drapeau rouge au poing.

Mort grotesque d’ailleurs, car la tourbe ébahie
Et pâle des bourgeois, leurs vainqueurs étonnés,
Ne comprit rien du tout à leur cause haïe.

C’étaient des jeunes gens francs qui riaient au nez
De tout intrigant comme au nez de tout despote,
Et de tout compromis désillusionnés.

Ils ne redoutaient pas pour la France la botte
Et l’éperon d’un czar absolu beaucoup plus
Que la molette d’un monarque en redingote.

Ils voulaient le devoir et le droit absolus,
Ils voulaient « la cavale indomptée et rebelle »,
Le soleil sans couchant, l’Océan sans reflux.

La République ! ils la voulaient terrible et belle,
Rouge et non tricolore, et demeuraient très froids
Quant à la liberté constitutionnelle.

Ils étaient peu nombreux, tout au plus deux ou trois
Centaines d’écoliers ayant maîtresse et mère,
Faits hommes par la haine et le dégoût des rois.

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