Page:Régnier - L’Amphisbène, 1912.djvu/88

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venait à ses goûts. Ma mère ne regrettait nullement Paris. Elle ne s’était jamais accoutumée complètement à y vivre, ni lorsqu’elle y habitait avec mon père, ni quand elle s’y était fixée pour mon éducation. Au fond, elle avait retrouvé à Clessy, avec satisfaction, des habitudes provinciales auxquelles elle n’avait renoncé que par nécessité.

Du reste, maintenant, je suis un peu de l’avis de ma mère. Depuis que je vais à Clessy-le-Grandval, plusieurs fois chaque année, je me suis mis à aimer ses petites rues, ses places étroites, ses vieilles maisons. J’aime l’antique baraque de Mme de Préjary, avec sa cour, son poulailler, ses grandes pièces à l’ancienne mode, son mobilier de bric et de broc. Bien des fois, je suis venu y abriter mes pensées mélancoliques. Elle m’a toujours été hospitalière et bienfaisante.


31 janvier. — J’ai rencontré Jacques de Bergy. On lui avait dit ma visite. Comme nous suivions la même direction, nous avons descendu côte à côte les Champs-Élysées. Jacques m’a dit : « Eh bien ! oui, mon cher, quand vous êtes venu, je venais justement de partir pour une petite fugue dans le Midi. Vous savez mes habitudes. J’emmenais avec moi une gentille compagne et, ma foi, nous avons parcouru fort agréablement une partie de la Côte. Nous nous sommes d’abord arrêtés à Toulon. J’aime cette ville de guerre, avec ses gros cuirassés