Page:Régnier - L’Illusion héroïque de Tito Bassi, 1917.djvu/123

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Lorsque j’eus acquis une connaissance suffisante du répertoire tragique, le seigneur Alvenigo passa à d’autres visées. Il s’agissait de me mettre à même d’interpréter un personnage et de le représenter avec vraisemblance et justesse. À ces fins, Alvenigo agit graduellement. Tout d’abord, il me fit réciter des fragments de rôles, puis il m’en fit jouer certaines parties, m’aidant à régler mes gestes et à diriger ma voix, me reprenant avec une juste sévérité, quand mes mouvements lui semblaient manquer de noblesse et mes intonations d’harmonie. J’obéissais docilement à ses observations et à ses conseils. Parfois le seigneur Alvenigo paraissait content de moi. Mais le plus beau était de lui voir me donner la réplique. Il se laissait emporter à des clameurs dont toute la Rotonda retentissait.

Pour faciliter mon travail, il avait fait fabriquer une douzaine de grands mannequins qui tenaient lieu des personnages de la pièce dont