Page:Régnier - L’Illusion héroïque de Tito Bassi, 1917.djvu/125

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m’intéressait. Toutes mes chimères de songe-creux y trouvaient leur emploi et je vivais dans une illusion qui me procurait un contentement continuel. Quand je repense à ce temps, je ne puis m’en souvenir que comme d’une époque de véritable bonheur. Je le devais à un état de folie qui me comblait le cœur d’un naïf orgueil. Que me manquait-il maintenant de ces aventures extraordinaires dont l’absence me causait jadis tant d’amertume ? Je n’avais qu’à choisir parmi les plus tragiques et les plus glorieuses. Elles étaient toutes à ma portée. Grâce à elles, j’étais l’égal des héros les plus fameux. Je ressentais toutes leurs passions, j’épousais toutes leurs querelles, je partageais leurs triomphes, je subissais leurs catastrophes. Les plus cruelles me causaient une volupté singulière et une étrange félicité. Ce m’était un délice, que je ne puis dire, de feindre de boire le poison ou de m’enfoncer dans le sein un fer meurtrier. Ces actes